Anorexie mentale 

 

Source Doctissimo


 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire qui touche 1 à 2 % des femmes. Cette pathologie concerne essentiellement les filles de 12 à 20 ans, mais peut apparaître dès l’âge de 9 ou 10 ans. Les garçons sont moins touchés (9 anorexiques sur 10 sont des filles).


 

L’anorexie est un trouble du comportement qui se traduit par une obsession de la perte de poids entraînant de fortes restrictions alimentaires. Souvent, ces restrictions s’accompagnent d’activités physiques ou intellectuelles intenses, toujours par peur de grossir. Le désir de minceur peut entraîner d’autres comportements : crises de boulimie, usage de laxatifs et de diurétiques, vomissements… D’autres troubles, d’ordre psychologique, peuvent survenir : anxiété, dépression, repli sur soi, dépendances aux drogues ou à l’alcool et même des tendances suicidaires.

Attention cependant, car beaucoup d’adolescentes peuvent avoir des comportements alimentaires aberrants qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus sans se traduire par une anorexie. L’anorexie est à craindre lorsque le trouble devient chronique et porte sur un grand nombre de repas.

Sur le plan physique, cette maladie se traduit par une perte de poids extrême, jusqu’à 50% du poids normal. La privation alimentaire va évidement avoir des conséquences sur l’organisme, comme des insomnies, des chutes de cheveux, une fatigue permanente, une sensation de froid, des pertes de mémoire ou la disparition des règles… Plus les privations sont intenses, plus les conséquences sont importantes : décalcification, ostéoporose, malaises, chute de tension… Ces dérèglements peuvent, à terme, menacer le pronostic vital de la personne.

Des causes encore mal identifiées

Les causes de l’anorexie sont, on le voit, très complexes et controversées parmi les spécialistes. Certains avancent des facteurs d’ordre métabolique ou génétique, d’autres pensent que les causes psychologiques et relationnelles sont déterminantes. Le point de départ peut être un simple régime amaigrissant, une remarque désobligeante, un deuil ou un problème scolaire. Le manque de repères, des relations familiales difficiles, la crise d’adolescence, les changements physiques dus à la puberté sont souvent cités comme favorisant l’apparition de l’anorexie. L’adolescente chercherait, par des privations alimentaires, à atteindre son autonomie : elle tenterait ainsi de transférer sa dépendance vis-à-vis de ses proches (parents, amis…) vers la nourriture. L’abstinence serait alors une marque d’autonomie.

Le fait que de nos jours, les adolescents restent de plus en plus longtemps chez leurs parents ne simplifie pas le problème. De nombreux psychologues soulignent d’ailleurs le rôle des parents dans l’apparition de l’anorexie : l’adolescence est une période durant laquelle la personne va essayer de construire son identité. Or, si ses parents ont eux-mêmes des problèmes (d’identité, d’autorité…), des troubles peuvent surgir. Ainsi, les parents peuvent, par exemple, former un couple "exclusif " qui laisse les enfants livrés à eux-mêmes. Mais le schéma le plus courant est celui où chaque parent est "exclusif ", avec une relation conjugale quasi inexistante.

L’anorexie, par sa nature autodestructrice, permettrait à l’adolescente de prouver le contrôle qu’elle a de son corps. Cette pathologie peut, de plus, masquer un manque de confiance en soi ou une tendance à la dévalorisation. Les pressions culturelles et sociales sont aussi souvent montrées du doigt, et notamment les magazines féminins qui imposent la minceur comme un idéal de beauté.

Les adolescentes anorexiques ont souvent un profil typique : élèves sans problèmes, elles recherchent les efforts soutenus tant intellectuels que physiques. Elles sont hyperactives et se dépensent sans compter, disant que c’est pour éviter de grossir. Elles poursuivent leurs activités normalement, mais évitent les relations interpersonnelles et les conflits, surtout au sein de la famille.

En pratique

Un amaigrissement inhabituel et prolongé chez une adolescente doit faire suspecter un début d’anorexie et motiver une consultation médicale. Le problème est qu’elle l’acceptera difficilement, affirmant bien se porter et n’étant pas demandeuse de soins médicaux. Il ne faut alors pas dramatiser mais trouver le moyen de prendre en charge le problème le plus tôt possible.

Un traitement imparfait

Si, parfois, l’adolescente parvient à résoudre seule son problème d’anorexie, une aide extérieure est généralement nécessaire. La principale difficulté est alors le refus du traitement. En effet, ces adolescentes ne se considèrent pas comme malades et rejettent les consultations spécialisées ou le suivi en institution. Ce refus pose un réel problème, car l’anorexie doit être traitée le plus tôt possible. Plus le trouble s’installe, plus les comportements alimentaires néfastes se renforcent et plus l’adolescente aura du mal à s’en sortir.

Le traitement consiste généralement en une psychothérapie qui va permettre d’engager le dialogue avec l’adolescente. Un médecin généraliste assure alors, en parallèle, le suivi du poids et de l’état de santé. Dans les cas graves, une hospitalisation est souvent nécessaire. Cette coupure avec le milieu familial est parfois bénéfique : elle permet à la jeune fille de nouer d’autres relations et d’avoir la sensation d’exister par elle-même.

Les parents peuvent également être pris en charge dans une psychothérapie, afin de comprendre les problèmes de leur fille et éventuellement de reconstituer ou de stabiliser le couple.

Malheureusement, les différents traitements contre l’anorexie ont une efficacité limitée : dans un tiers des cas, les adolescentes retrouvent une vie normale. Pour un autre tiers, la guérison reste incomplète, avec la persistance d’un poids faible, des troubles psychologiques et des risques de rechute. Pour le dernier tiers, le problème d’anorexie persiste et nécessite des soins continuels. Enfin il faut savoir qu’environ 10 % des anorexiques meurent des suites de leur maladie, soit par dénutrition, soit par suicide.